Cosmétiques : Quels produits sont considérés comme des cosmétiques ?

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Un tube de dentifrice voisinant avec une crème solaire et un rouge à lèvres : voilà un trio qui, sur le papier, ne partage rien sinon la salle de bains. Pourtant, ces produits, que tout semble opposer, évoluent sous la même bannière : celle du cosmétique. Le décor est planté : la frontière entre soin, hygiène et beauté se brouille, aussi vite qu’un trait d’eye-liner s’efface sous la pluie.

Des gels douche aux crèmes après-rasage, la galaxie cosmétique s’étend bien au-delà des mascaras et des vernis colorés. Certains produits du quotidien, loin des paillettes ou des palettes de maquillage, s’invitent dans cette grande famille sans qu’on s’en rende compte. Ce mot, « cosmétique », recouvre un territoire bien plus vaste et inattendu qu’on ne le pense—et c’est là que commencent les surprises.

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Pourquoi la notion de cosmétique suscite-t-elle autant de questions ?

Impossible de cerner le cosmétique d’un simple coup d’œil. La définition du produit cosmétique navigue entre plusieurs univers : ni médicament, ni dispositif médical, ni aliment, ni biocide, ni produit destiné au tatouage, ni détergent. Cette distinction, fine, parfois déroutante, brouille les pistes pour les professionnels comme pour les particuliers.

Trois éléments dessinent le périmètre :

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  • Un produit cosmétique ne fait jamais la promesse de soigner ou prévenir une maladie.
  • Il s’applique uniquement sur les parties superficielles du corps humain—épiderme, cheveux, ongles, lèvres, dents, muqueuses buccales.
  • Il ne doit être ni ingéré, ni inhalé, ni injecté, ni implanté.

La confusion s’accentue avec les produits de la « zone grise ». Un dentifrice blanchissant ? Cosmétique. Un gel hydroalcoolique ? Biocide. Une crème anti-acné ? Tout dépend de la promesse : si elle annonce un effet thérapeutique, la réglementation bascule du côté des médicaments. Un simple mot sur l’étiquette, et le statut change du tout au tout.

Gardons à l’esprit que les cosmétiques restent encadrés par des règles sévères : sécurité, étiquetage, conformité des ingrédients. Mais, à la différence des médicaments, les marques ne sont pas tenues d’effectuer de lourds essais cliniques préalables. L’Europe s’impose ici comme référence : le cadre réglementaire veille à la sécurité et à la transparence, tout en permettant l’innovation et l’audace créative des fabricants.

Définition officielle : ce que recouvre réellement le terme ‘cosmétique’

Le règlement européen 1223/2009 donne le ton : un produit cosmétique, c’est « toute substance ou tout mélange destiné à être mis en contact avec les parties superficielles du corps humain, épiderme, systèmes pileux et capillaires, ongles, lèvres, organes génitaux externes ou avec les dents et les muqueuses buccales, en vue exclusivement ou principalement de les nettoyer, de les parfumer, d’en modifier l’aspect, de les protéger, de les maintenir en bon état ou de corriger les odeurs corporelles. »

Trois critères structurent cette définition :

  • Application sur les surfaces externes du corps humain ou la cavité buccale.
  • Finalité : nettoyage, parfum, protection, entretien ou modification de l’apparence.
  • Exclusion formelle de tout usage oral, inhalé, injecté ou implanté.

Tout se joue donc sur la fonction et le mode d’utilisation. Un vernis à ongles, une crème hydratante, un gel douche, un parfum, un dentifrice blanchissant : tous relèvent de la cosmétique, tant qu’aucune allégation médicale ne s’invite sur le flacon.

La loi impose une vigilance sans faille : chaque formule passe au crible avant d’arriver en rayon, chaque promesse doit être prouvée, chaque ingrédient listé selon une nomenclature stricte. Ce socle réglementaire solide permet à la créativité de s’exprimer, tout en fixant des frontières claires pour éviter les débordements.

Les catégories de produits concernées, des soins aux parfums

L’univers des cosmétiques se révèle d’une richesse inégalée. Le règlement européen englobe tout ce qui contribue à l’hygiène, à la beauté ou au bien-être de la peau, des cheveux, des dents et des muqueuses buccales. On y retrouve :

  • Soins pour la peau : crèmes hydratantes, laits corporels, lotions après-rasage, baumes à lèvres.
  • Produits d’hygiène : savons, gels douche, shampoings, dentifrices, déodorants.
  • Produits pour les cheveux : masques, huiles, démêlants, sprays coiffants.
  • Maquillage : fonds de teint, mascaras, rouges à lèvres, poudres.
  • Parfums et eaux de toilette.
  • Produits solaires : crèmes, sprays, huiles pour la protection UV.

Illustration concrète : la crème solaire reste un cosmétique tant qu’elle protège et entretient la peau, sans ambition médicale. Les produits d’hygiène bucco-dentaire, comme les dentifrices ou bains de bouche, entrent dans la même catégorie dès lors que leur discours ne flirte pas avec la promesse de traitement médical.

La ligne de démarcation ne laisse aucune ambiguïté : un cosmétique n’est ni un médicament, ni un dispositif médical, ni un biocide, ni un aliment. Seule l’absence d’allégation curative, préventive ou d’action physiologique spécifique garantit sa place dans la galaxie cosmétique.

produits beauté

Cas particuliers et frontières avec les médicaments ou dispositifs médicaux

Le cosmétique n’a pas vocation à guérir. Dès qu’un produit revendique une action thérapeutique—traiter l’acné sévère, soigner une maladie cutanée—il sort du cercle et atterrit dans la case médicament. Sur certains segments, la frontière tient parfois à un fil. Un gel destiné à soulager les peaux atopiques ? Tout dépend de la promesse inscrite sur l’emballage. Un mot de trop, et il bascule dans un autre univers réglementaire.

La réglementation européenne, relayée par l’ANSM en France, fixe une règle claire : pas d’administration par voie orale, inhalée, injectée ou implantée. Exit les compléments alimentaires, les gels hydroalcooliques (classés biocides), les lessives ou produits vaisselle. Même logique pour les lubrifiants à visée médicale ou les produits de tatouage, qui relèvent d’autres cadres réglementaires.

  • Un produit anti-acné à visée purement esthétique : cosmétique. S’il promet la disparition de lésions inflammatoires : médicament.
  • Un gel hydroalcoolique : biocide, jamais cosmétique.
  • Un lubrifiant à usage médical : dispositif médical, non cosmétique.

Le règlement européen 1223/2009 et la directive ASEAN imposent une discipline de fer : déclaration auprès des autorités, justification des promesses, étiquetage précis, constitution d’un dossier technique (PIF). Fabricants, importateurs et distributeurs se partagent la lourde responsabilité de la conformité. Et dans l’ombre, les autorités nationales et européennes veillent au grain.

Au bout du compte, le tube de dentifrice, le parfum capiteux et la crème solaire partagent bien plus que l’étagère de la salle de bains : ils incarnent la vaste mosaïque de la cosmétique, où créativité et rigueur réglementaire avancent main dans la main. La prochaine fois que vous saisirez votre gel douche ou votre rouge à lèvres, regardez-les d’un autre œil : sous ces flacons anodins, tout un univers juridique et technique veille, discret mais omniprésent.